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Aujourd hui on roule au pétrole, et demain ?

Comme en ce moment je bosse dans le pétrole, je me suis dit qu’un petit article s’imposait…

Je viens de visiter la raffinerie de pétrole de Bilbao Pétronor liée à Repsol. C’est la plus grande d’Espagne sur 200Ha et 11 000 000 de tonnes traitées chaque année (voir photo). Tout le monde se dit, la fin du pétrole est pour bientôt, c’est donc la fin de l’essence pour les voitures… Mais il n’y a pas que ça, dans une raffinerie comme celle-ci, l’essence pour voiture ne représente que 40% de la production car dans le pétrole brut, il y a beaucoup de choses à extraire : Du GPL, du Butane, du propane, du propylène, du souffre, de la Nafta, des dissolvants, du kérosène pour les avions et les fusées, du fuel oil, du gasoil pour les engins agricoles et les bateaux, de l’asphalte pour construire les routes. Tout cela se vend et possède un important marché. Donc la fin du pétrole (au mieux dans 40ans) sera la fin de beaucoup de choses.

Le gros problème de notre économie super mondiale, c’est qu’elle est lente à réagir, mais surtout lente à réfléchir ! Voyons, nous avons les technologies adéquates pour fabriquer des voitures sans essence (électrique, hydrogène, eau, huile, alcool…) il suffit de passer a une assez grande échelle pour faire chuter les prix de production et donc de vente. Ce genre de véhicules serait compétitif avec nos voitures classiques, tant au niveau performance que prix. Pourquoi est-ce qu’on attend qu’il n’y ait plus de pétrole pour passer au stade industriel et non rester au stade recherche en laboratoire ??? Il est certain qu’avec une bonne participation des constructeurs automobiles on arriverait rapidement à une belle voiture. Evidemment la recherche est très développée dans le secteur automobile mais ce n’est pas pour sortir la nouvelle Mégane à Hydrogène alors que ce serait possible. Il serait logique de changer le parc automobile petit à petit avec ce genre de nouvelles technologies ! Eh bien la raison de cette attente de dernier moment s’appelle « lobby ».

Vous n’imaginez même pas ce que le changement de technologie entraîne au niveau restructuration de toute la chaîne de fabrication. Les entreprises comme Renault et PSA ne font plus que de l’assemblage de légo (suffit de regarder ma Twingo pour comprendre), toutes les pièces viennent d’une multitude d’équipementiers, les principaux étant Valéo et Faurecia. Un exemple : plus de voitures avec un moteur a explosion ça entraîne la disparition d’une centaine d’entreprises qui ne pourront pas forcement se recycler. Par exemple, l’embrayage va disparaître à coup sûr, donc toutes les entreprises fabriquant les pièces nécessaire à l’embrayage vont disparaître (de celle qui fabrique la fourchette d’embrayage comme la FAVI à celle qui fabrique tout simplement le levier de vitesse sans parler de ceux qui font les pièces mécaniques). L’économie va être chamboulée, et ceux qui sont content, ce sont les chercheurs et ingénieurs qui bossent dans les services R&D en génie électrique ou chimique, ils se frottent les mains par avance (ça tombe bien je suis ingénieur électrique dans un mois J) .



Mais le gros problème, c’est qu’il faut CHOISIR. Quel est le meilleur compromis performance/pollution/prix pour choisir la technologie du futur ? On trouvera d’un peu tout au début, et surtout, ça changera selon les pays je pense. L’Australie peut développer un véhicule solaire performant alors que les Anglais n’ont aucune chance. Les Brésiliens vont rouler à l’éthanol (grâce à leur production de canne à sucre) et les Américains avec la graisse usée des Mc Do et au Colza (on dira plutôt les biocarburants pour rester sérieux)… Pour les Européens (France, Allemagne, GB, Espagne, Rep Tchèque qui fabriquent des voitures) ainsi que les Japonais, je penche vers l’électrique. L’hydrogène parait également prometteur. Voilà mon pronostic, mais ça risque d’évoluer, et qui sait, peut être que demain on va faire une super découverte résolvant ce problème et mettant tout le monde d’accord (ça fait du bien de rêver).

About the author

La science pour tous

Ingénieur au CERN (Organisation Européenne pour le Recherche Nucléaire) à Genève, Suisse.

6 Comments

  • un bel article, captivant et mobilisateur
    j’espère que mes étudiants deviendront les ingénieurs de demain qui résoudront les questions que tu évoques Benjamin…
    nous les profs de physique, notre responsabilité en ce sens est immense…ça aussi c’est mobilisateur
    amitiés Jean Marie

  • cet article est captivant et mobilisateur…je le fais lire à mes élèves de Terminale STI…parmi eux j’espère que certains seront plus tard les ingénieurs qui prendront en charge cette recherche passionnante: les nouvelles énergies, et surtout leur intégration à grande échelle.nous les profs de physique nous sommes très impliqués dans ce futur en assurant une formation et une information sur ces sujetsun travail comme celui-ci est un modèle et un  encouragement à la pédagogie scientifique  merci

  • En France certain prototypes de voiture roulant a la beterave ont ete produit. Le bresil roule a la canne a sucre pourquoii pas nous a la beterave?
    Le Bresil a d enorme excedent de canne de canne a sucre, pas nous.
    Le Bresil a un supercifie cultivable enorme et donc peut nourrir les gros reservoirs de ses voitures, pas nous.
    En somme si le prix de ce nouveau carburant au Bresil est 2 fois moins cher que l essence, chez nous c est le meme prix et en plus l offre est a des milliers d annees lumieres de la demande 
     

  • A partir de l’année prochaine, la production mondiale de pétrole va décroître à un rythme de plus en plus élevé
    Une estimation très optimiste prévoit une décroissance de la production de 2 % par an, conduisant à une production réduite de moitié dans 35 ans. Mais la réalité semble devoir être bien différente.Avec une décroissance progressive de 1%, puis 2% … 5%, nous aurions une production limitée à 80 % dans 12 ans et à 50 % dans 20 ans.
    Les piles à combustible et les biocarburants sont des solutions illusoires.
    Les biocarburants sont séduisants, à condition de ne pas regarder le bilan énergétique de leur production , ni la surface de terres cultivables à utiliser pour remplacer une partie seulement du pétrole utilisé à ce jour en France.
    La situation est identique dans le reste du monde, sans doute pire dans les régions tropicales. Celles-ci permettent un meilleur bilan énergétique à court terme (en utilisant beaucoup de produits chimiques pétroliers), mais les sols de ces régions sont fragiles et deviendraient rapidement stériles, sans compter les ravages de la déforestation.Lorsque l’on étudie la consommation de pétrole (carburants, engrais et autres produits pétrochimiques) utilisée pour produire l’équivalent en biocarburants, on constate qu’il faut, sur un hectare de culture, en tonne équivalent pétrole (tep) :- huile de colza : 0,50 tep consommée pour produire 1,37 tep = 0,87 tep à l’hectare,- huile de tournesol : 0,29 tep pour 1,06 tep = 0,77 tep / ha,- éthanol de betterave : 3,22 tep pour 3,98 tep = 0,76 tep / ha.
    Pour produire l’équivalent des 49 millions de tonnes de pétrole consommées par les seuls transports (sans compter les autres usages) il faudrait utiliser dans le meilleur des cas (huile de colza) 56.400.000 hectares (564.000 km2) soit plus que la superficie de la France et 3,6 fois la superficie des terres cultivées du pays.
    Lire : http://travail-chomage.site.voila.fr/energie/fin_petrole.htm pour en savoir plus.

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