Quand j’étais petit, j’ai appris à l’école au début des années 90 que le système solaire possédait neuf planètes mais mes enfants apprennent aujourd’hui que le système solaire en comporte huit seulement (Neptune étant désormais la plus lointaine). Eh oui, vous saviez sans doute que Pluton, la petite dernière, a été déclassée dans la catégorie « planète naine » depuis 2006. Mais pourquoi ?
La ceinture de Kuiper
Pluton se situe dans ce que les astronomes appellent la ceinture de Kuiper, un disque de débris tournant autour du soleil et situé au-delà de Neptune, entre 4 et 8 milliards de kilomètres du Soleil. Pour plus de facilité, on dit plutôt entre 30 et 50 ua, une « ua » étant une unité astronomique qui représente la distance Terre-Soleil, soit 150 millions de kilomètres. Cette ceinture renferme des centaines de milliers de corps célestes qui orbitent autour du soleil.

Les astronomes estiment qu’il y a plus de 70 000 objets de plus de 100 km de diamètre dans cette zone et plusieurs d’entre eux ont une taille similaire à Pluton, ce qui ne justifiait plus le fait de reconnaitre Pluton comme une « vraie » planète, d’autant plus que son orbite est très excentrique et inclinée par rapport au plan de l’écliptique : en effet, les 8 autres planètes du système solaire tournent quasiment dans le même plan de rotation, ce qui leur confère une certaine cohérence, contrairement à Pluton et à la plupart des autres corps de la ceinture de Kuiper.
Je vous rappelle ici qu’il n’existe pas vraiment de définition officielle générale du mot « planète » et donc que cette appellation est subjective et sujette à l’appréciation de l’Union astronomique internationale.
Les gros objets du système solaire (hors planètes et satellites)
Actuellement plusieurs objets de grandes tailles (autour de 1 000 kilomètres de diamètre) ont été identifiés dans notre système solaire dont la plupart se trouvent dans la ceinture de Kuiper.

NB : 2007 OR10 s’appelle aujourd’hui Gonggong
Voici les plus gros (je vous rappelle que notre Lune fait 3400 km de diamètre, ça donne une bonne référence) :
- Pluton (2370 km de diamètre) possède une trajectoire assez excentrique et évolue entre 30 et 50 ua.
- Eris (2326 km de diamètre) a une orbite encore plus excentrique que Pluton en évoluant entre 30 et 100 ua, s’aventurant ainsi en dehors de la ceinture de Kuiper (on parle d’objet épars dans ce cas).
- MakéMaké (entre 1300 et 1900 km de diamètre) est située à 52 ua du soleil.
- Sedna (~1600 km de diamètre) est un objet épars comme Eris en étant située en dehors de la ceinture de Kuiper avec une orbite très excentrique entre 76 et 960 ua.
- Hauméa (~ 1500 km de diamètre) se situe entre 35 et 50 ua.
- Quaoar (1280 km de diamètre) possède une orbite quasi-circulaire à 43 ua.
- Gonggong (1230 kilomètres de diamètre) est un objet épars évoluant entre 33 et 100 ua, assez similaire à Eris.
- Charon (1200 kilomètres de diamètre) est le satellite de Pluton, mais on parle plutôt aujourd’hui de son « compagnon » à cause de sa grande similitude avec Pluton.
- Cérès (974 km de diamètre) est assez différent des autres car cette planète naine orbite dans la ceinture d’astéroïdes située entre Mars et Jupiter à 2,5 ua seulement.
- Orcus (950 km de diamètre) évolue entre 30 et 48 ua. Point intéressant : ce corps entre en résonnance avec Neptune, lui conférant une trajectoire en miroir à celle de Pluton.
Vous noterez au passage que tous ces objets portent le nom de divinités créatrices, avec un léger penchant pour celles résidant aux enfers ou semant la terreur. Pluton et Charon, les plus connus, sont issus des enfers de la mythologie grecque, Gongong est un dieu chinois des eaux, responsable des inondations, MakéMaké est le dieu de l’île de Pâques, Orus est la divinité de l’enfer étrusque et Hauméa est une sorcière puissante, déesse de la fertilité Hawaïenne ayant donné naissance à de nombreuses créatures.Quant à Eris, elle est la déesse grecque de la discorde pour la bonne et simple raison que sa découverte a semée la discorde chez les astronomes au sujet de la définition d’une planète, entrainant ainsi la déclassification de Pluton au rang de planète naine aux côtés d’Eris.
Des corps plus petits
Evidemment, on ne parle pas beaucoup des centaines de milliers de petits orbiteurs présents dans la ceinture de Kuiper mais l’année dernière, la NASA nous rapportait une image extraordinaire d’Arrokoth, une planète mineure de la ceinture de Kuiper mesurant une trentaine de kilomètres seulement. Cette espèce de patatoïde a alors été qualifiée comme étant l’objet céleste le plus lointain jamais exploré par l’humanité (rien que ça !). Pour atteindre ce petit objet qui se situe à 6,5 milliards de kilomètres de nous (45 ua), il aura fallu 13 ans de voyage à la sonde américaine New Horizon qui se déplace à près de 16 kilomètres par seconde (soit plus de 55 000 km/h !). Il est très intéressant de découvrir ce genre de forme, sans doute formé par la fusion de deux planétoïdes de 15 et 20 km de diamètre chacun à faible vitesse.

La planète X
Nous y voilà, la fameuse planète X ! Mais qui est-elle ? Ce terme a tour à tour désigné différents objets hypothétiques depuis le milieu du 19ème siècle mais on peut définir la planète X comme étant une neuvième « vraie » planète au-delà de Neptune que nous n’aurions jamais vu. Il existe de très nombreuses théories pour démontrer son existence mais aujourd’hui, aucune d’entre elles ne fait vraiment consensus et la planète X n’est pas Pluton (trop petite !).
La dernière théorie en date à la mode est la « planète neuf », dénommée officieusement « Phattie » et postulée en 2016 par des astronomes du prestigieux Caltech en Californie qui estiment « avoir de solides preuves de l’existence d’un objet supermassif perturbant les astéroïdes de la ceinture de Kuiper ». Ce serait probablement une planète gazeuse ayant une taille d’environ 4 fois la Terre pour une masse de 10 Terres. Elle orbiterait bien au-delà de la ceinture de Kuiper, entre 200 et 1200 ua ! Donc oui, un tel astre pourrait expliquer les anomalies de certaines trajectoires observées mais d’autres hypothèses pourraient être aussi recevables…
Bref, tant qu’on ne l’a pas vu, elle restera la mystérieuse « planète X » car il est interdit de nommer une planète sans une observation certaine. A noter que cette « planète neuf » pourrait aussi être un trou noir primordial de la taille d’une balle de tennis (et lourde comme 10 Terres) qui aurait été capturé par notre système solaire. Ne souriez pas, cette hypothèse est très sérieuse et autant crédible que celle d’une planète gazeuse (lire cet article de courrier international).